Il y a 100 ans prenait fin la GRANDE GUERRE, une guerre terrible qui dura 4 ans et qui fit des millions de morts parmi les combattants des 35 pays participant au conflit (dont 14 européens). La France est, après la RUSSIE, le deuxième des pays alliés ayant subi le plus de pertes : 1 357 000 militaires et 210 000 civils. Plus de 10 000 morts pour la Côte d’Or. Le dernier poilu survivant est parti rejoindre ses camarades le 12 mars 2008. Il ne reste plus aujourd’hui que les noms gravés sur les Monuments aux Morts de nos communes pour nous rappeler la tragédie de 1914-1918.
Ces monuments ont été érigés, pour la plus grande majorité, entre 1920 et 1925. A Fénay, c’est à la réunion du Conseil Municipal du 13 juillet 1919 que la décision fut prise d’élever un monument « à la mémoire des enfants du pays tombés au champ d’honneur ». Une somme de DEUX MILLE francs est attribuée pour cela : « elle sera prélevée sur les fonds libres et inscrite au budget additionnel de la présente année ».
Il est dit : « …en outre, une quête sera faite à domicile à l’effet de recueillir les souscriptions des habitants. Le Conseil nomme pour faire cette quête :
- Messieurs GAY Paul et ROUSSOTTE Paul pour Fénay
- NONIN E. et GIBASSIER Ch. Pour Chevigny
- CURE Ch. et CADOUX J. pour Domois
La quête faite chez les habitants (de 1 à 100 Fr par donateur), les dons divers qui ont été faits jusqu’en 1921, les quêtes faites aux mariages, repas de fête, les dons anonymes et ceux de personnes « généreuses » extérieures à la Commune, ainsi que les intérêts produits par le placement des fonds recueillis, donnèrent une somme de plus de DEUX MILLE TROIS CENT francs. A noter que Monsieur GUYOTTE Ernest « à la mémoire de son fils » donnera 100 F en 1919 puis 50 F en 1920. Pour information, en 1919, le pain coûte 1 F le Kg, le vin 2,50 F le litre, le café 6 F la livre et en 1918, un ouvrier agricole gagnait 0,50 F de l’heure !
Un COMITE du MONUMENT aux MORTS, composé de douze membres, dont le Maire, l’Adjoint, le Curé et l’Instituteur, est constitué le 21 décembre 1919. Il devra « s’occuper, de concert avec le Conseil Municipal, de l’érection du Monument à la Mémoire des Enfants du pays morts pour la Patrie ».
Séances :
- du 7 mars 1920 : il est décidé que « le monument sera érigé au Cimetière, dans l’allée centrale »
- du 21 avril 1921 : le Conseil « estime qu’il n’y a plus lieu d’escompter des souscriptions avantageuses et décide que le Monument aux Morts sera commandé le plus tôt possible »
- du 12 septembre 1922 : le Conseil « décide que le Monument élevé à la mémoire des Enfants du pays Morts pour la Patrie sera inauguré le dimanche 8 octobre prochain »
- du 25 septembre 1922 : il est décidé d’inviter le Conseiller Général à l’inauguration et qu’ « un banquet aura lieu à l’issue de la cérémonie au café Vélicitat. La cotisation sera de 12 F. Les pompiers y seront invités gratuitement. Le bon vin sera en outre offert aux frais de la Commune »
Le monument, réalisé par le sculpteur LINDEN, coûtera QUATRE MILLE francs (plus la pose, réalisée par M. VELICITAT pour 155 F, et la palme, achetée à la maison BARREAU à Dijon pour 35 F. Deux autres palmes furent achetées en 1923 et en 1926, respectivement pour 21 F et 32 F)
A noter : on utilisera une partie de l’argent recueilli et non dépensé pour l’érection du monument, pour acheter des gerbes et des guirlandes le jour de l’inauguration. Le reliquat fut remis au Maire de FENAY.
Comment furent choisis les noms des soldats figurant sur le monument ? Il n’y a aucune information dans les registres de délibération du Conseil Municipal de Fénay. On sait seulement que sur ces monuments devaient être inscrits les « MORTS POUR LA FRANCE » du village. Mais, était-ce les soldats nés dans la Commune, ceux qui y avaient passé une partie de leur jeunesse ou ceux qui y habitaient lors de leur incorporation ? Certaines municipalités ayant parfois retenu plusieurs de ces critères, on trouve des soldats inscrits sur deux monuments. A FENAY, DIX-NEUF noms ont été gravés dans la pierre, ceux d’enfants nés dans un des trois hameaux mais aussi d’hommes venus d’ailleurs et présents sur dans notre Commune en 1914. D’autres soldats nés à Fénay sont Morts pour la France mais leur nom n’apparaît pas sur le monument communal (voir plus loin).
On a retenu l’ordre chronologique des décès. A noter que près de la moitié de nos poilus ont été tués en 1914, soit quelques jours ou quelques semaines après le début du conflit.
Qui sont donc ces DIX-NEUF Morts pour la France dont on honore la mémoire, après les avoir appelés, à chaque cérémonie du souvenir ?
1914 – 1918
GUYOTTE Ernest Henri
est né à CHEVIGNY le 9 février 1888, fils de Pierre-Ernest GUYOTTE et de Jeanne MENETRIER tous deux cultivateurs à Chevigny. Il était cultivateur et célibataire. Caporal au 109e régiment d’infanterie, il fut le premier tué notre commune. Il est mort au combat le 19 août 1914 à SCHIRMECK en Alsace puis inhumé par les Allemands. Il repose maintenant au cimetière de Fénay.
AMIOT Armand Jules
est né à CORCELLES les MONTS le 13 mai 1887, fils de Bertin Jules AMIOT et de Anne-Marie BOUILLET, tous les deux vignerons.Marié à FENAY le 14 mars 1914 avec Louise Augustine REMOND (fille de cultivateurs à Fénay), il était ouvrier de fabrique. Soldat au 21e régiment d’infanterie, il a été blessé à SAINTE MARIE AUX MINES (Haut Rhin) puis est décédé le 20 août 1914. Il eut un fils, Armand Marcel Albert né le 9 décembre 1914.
FROMENTIN Camille Etienne
est né le 17 juillet 1865 à FENAY, fils de Jean FROMENTIN, charron, et de Jeanne SIRUGUE.Capitaine au 252e régiment d’infanterie, il fut tué à l’ennemi le 8 septembre 1914 à CHAMPENOUX (Meurthe et Moselle). Le décès a été transcrit à Montélimar (Drôme) en décembre 1914.
MONIOT Louis Joseph
est né à CHEVIGNY le 30 août 1891, fils de Louis MONIOT et de Catherine GAROT, vignerons à Chevigny.Soldat au 21e régiment d’infanterie, il est porté disparu au BOIS SABOT, près SOUAIN (Marne) le 30 septembre 1914. Déclaré mort par jugement. La transcription de décès a été faite dans la commune de VERCHAMP (Haute Saône) en 1921, son domicile légal. Il était célibataire.
BOURLIER Philippe
est né à DOMOIS le 15 avril 1882, fils de Pierre BOURLIER et de Marie BIGOT, tous les deux journaliers.Soldat au 227e régiment d’infanterie, il fut tué à MARBOTTE (Meuse) le 1er octobre 1914. Il était célibataire.
PÂQUET Jean Basile Marie Emile
né à CREZANCY-en-SANCERRE (Cher) le 22 avril 1872, fils de Jean PÂQUET et de Solange Claire Emilie MANCEAU, instituteurs, il est arrivé à Domois entre 1906 et 1911 comme Instituteur privé à l’orphelinat.Capitaine de réserve au 56e régiment d’infanterie, il décède, suite à des blessures de guerre, le 1er octobre 1914 à MECRIN (Meuse). Son décès a été transcrit à LERE (Cher) en 1915 où son père résidait (sa mère était décédée). Il était célibataire.
MONVAILLIER Victor Maurice
est né à GILLY Lès CITEAUX (ferme de LA FOLIE) le 21 juillet 1889, fils de Albert Ernest MONVAILLIER, cultivateur, et de Marguerite BERNIER, sans profession. Soldat au 21e régiment d’infanterie, il fut porté disparu à RONCHIN Thumesnil (Nord) le 4 octobre 1914 et son décès fixé par jugement.
BORNOT Nicolas
est né à FENAY le 11 janvier 1888, fils de Nicolas BORNOT et de Anne LOISON, tous deux vignerons Il s’est marié à SAULON LA CHAPELLE le 4 mai 1912 avec Marie GARAUDET et était alors machiniste. Il eut deux enfants : Alfred Jean, né en 1913 et Alfred Maurice né en 1914 et décédé à l’âge de 2 mois. Soldat au 3e bataillon de Chasseurs à Pied, il fut tué à l’ennemi le 6 octobre1914 à CARENCY (Pas de Calais). Son décès a été transcrit à Saulon la Chapelle en 1917, commune où il habitait très certainement.
BAZENET Joseph dit Camille
est né à SAULON LA RUE le 1er décembre 1891, fils de Aristide BAZENET et de Constance DUBOSQ, manouvriers. Il fut domicilié à Fénay, puis à Gevrey-Chambertin. Soldat au 27e régiment d’infanterie, il fut tué à l’ennemi le 11 décembre 1914, au BOIS BRULE, commune d’APREMONT (Meuse). Il était célibataire.
BOURLIER Pierre
est né à MARSANNAY la COTE (rente LOGEROT) le 13 mai 1875, fils de Pierre BOURLIER et de Marie BIZOT, manouvriers. Soldat au 227e régiment d’infanterie, il est décédé, suite à des blessures, à COMMERCY (Meuse), hôpital mixte. Il était célibataire. Décès transcrit à FENAY, dernier domicile connu.
MANLAY Etienne Jean-Baptiste
est né à JONCHERY, commune de DIANCEY (Côte d’Or), le 18 mars 1873, fils de Jean-Baptiste MANLAY, cultivateur à Jonchery, et de Marie LAURENT, sans profession. Il s’est marié le 1er octobre 1910 à LABERGEMENT-FOIGNEY avec Joséphine Marie Marguerite GEORGEON et demeurait à DOMOIS à sa mobilisation. Il est décédé le 10 avril 1915 à l’hôpital civil et militaire d’AUXONNE (21). Maladie ou blessures ?
QUARRE Eugène Marius
est né à CHEVIGNY le 30 octobre 1894, fils de Claude Alphonse QUARRE, manouvrier, et de Catherine MONIOT, sans profession. Caporal au 40e bataillon de Chasseurs à Pied, il fut porté disparu, présumé mort, le 16 juin 1915 à NOULETTE, commune d’AIX-NOULETTE (Pas de Calais).
MARET Pierre Ernest
est né à CHEVIGNY le 21 décembre 1874, fils de Michel MARET et de Jeanne GUYARD, vignerons. Il s’est marié le 9 avril 1908 à PASSA (Pyrénées Orientales) avec Joséphine Marie BARRIS. Sous-lieutenant au 322e régiment territorial d’infanterie, il fut porté disparu et présumé mort à CAPPY (Somme) le 28 janvier 1916. Décès transcrit en décembre 1916 à TLEMCEN (Algérie)
JUNOT Jules Paul
est né à CHEVIGNY le 18 août 1891, fils de Jules JUNOT, vigneron, et d’ Euphrasie MANIERE, couturière. Sapeur-mineur au 7e bataillon du génie, il fut tué à l’ennemi le 2 septembre 1916 à la carrière d’EULEMBOURG, 400m à l’est de CURLU (Somme), où il fut d’abord inhumé. Décès transcrit en décembre 1916 à ROUVRES en PLAINE (21), dernier domicile connu. Il était célibataire. Il est inhumé au cimetière de Fénay dans la tombe familiale.
THIBET Claude
est né à CHEVIGNY le 6 juin 1881, fils de Claude THIBET, tuilier, et de Catherine BARBEY, sans profession. Soldat au 168e régiment d’infanterie, il fut tué à l’ennemi le 21 avril 1917, au MONT SANS NOM, région du golfe d’Auberive (Marne). Acte de décès dressé à CHAINTRIX (Marne) et transcrit à Fénay en juin 1918. Il était célibataire.
CAMUSET Louis Charles
est né à PARIS, 11e arrondissement, le 4 avril 1888, fils de Clotilde CAMUSET, domestique. En 1906, il est ouvrier agricole chez monsieur Alfred FROMENTIN à Fénay. Devenu couvreur-zingueur, il se marie le 14 juin 1916 à DIJON avec Marthe ROUSSOTTE, née en 1889 à Saulon la Rue, repasseuse à Dijon. Soldat au 5e Cuirassiers à Pied, il est décédé le 10 juin 1917, suite à de graves blessures, à l’hôpital temporaire Notre Dame à EPERNAY (Marne). L’acte de décès aurait été envoyé au Maire de Fénay, mais ne figure pas dans les registres.
GARESSUS Eugène Louis
est né à SAILLY sur la LYS (Pas de Calais) le 22 novembre 1894, fils de François Eugène GARESSUS, préposé aux douanes (originaire de MANCENANS LIZERNE – Doubs) et de Eugénie Marie LESAGE (de PERENCHIES – Nord). Orphelin très tôt, il est entré à l’orphelinat de Domois le 21 janvier 1905 et en est sorti le 24 mars 1914 pour travailler dans une ferme, très certainement. Il était célibataire. Soldat au 23e régiment d’infanterie, il fut tué à l’ennemi au MONT ROUGE (Belgique) le 16 mai 1918. Son décès a été transcrit dans sa commune de naissance, Sailly sur la Lys.
MORLOT Claude Louis
est né à DOMOIS le 10 juillet 1896, fils de Claude MORLOT, cultivateur, et de Jeanne BERTRAND, sans profession. Soldat au 149e régiment d’infanterie, il fut tué à l’ennemi à proximité de BRANGES, commune d’ARCY Ste RESTITUE (Aisne) le 29 mai 1918. Il repose au cimetière de Fénay dans la tombe familiale. Il était célibataire.
CONFURON Sylvain
est né à NUITS SAINT GEORGES (21) le 20 juin 1878, fils de Pierre CONFURON, manouvrier, et de Marguerite THORALIN, sans profession. Quand il s’est marié à Fénay le 8 juillet 1905 avec Valentine Félicie BEUCHET (née à Chevigny le 25 août 1882), il était vigneron et demeurait à COMBLANCHIEN (21). Il fut père de trois enfants : Valentine Mathilde, née en 1906, Jeanne Marguerite, née en 1910 et décédée l’année suivante, et Sylvain André né en 1912.Soldat au 144e régiment d’infanterie, il fut tué au combat de ROUY le PETIT (Somme) le 29 août 1918, moins de trois mois avant l’armistice.
A NOTER : Les enfants des soldats MORTS POUR LA FRANCE ont été pris en charge par l’état quelques années plus tard et déclarés PUPILLES de la NATION.
Une plaque du souvenir, portant vingt noms, est apposée dans l’église de Fénay et l’on pourrait s’étonner que les noms des soldats qui y figurent ne soient pas identiques à ceux du monument aux morts. Cela est dû au fait que l’église de Fénay est aussi celle de Saulon la Rue et que les Morts de cette commune sont associés à ceux de Fénay. Cependant, on trouve sur cette plaque un autre natif de notre commune, il s’agit de :
FAGOT Georges
né à FENAY le 23 avril 1894, fils de François FAGOT, manouvrier, et de Anne PETOT, sans profession. Caporal au 109e régiment d’infanterie, il fut porté disparu puis déclaré mort le 28 septembre 1915 aux HAUTEURS DE GIVENCHY (Pas de Calais). Il était célibataire. Décès transcrit à la Mairie de MARIGNY lès REULLEE (21), dernier domicile connu.
1939-1945
NAIGEON Henri
est né le 31 décembre 1909 à CHEVIGNY (Moulin des Etangs), fils de Auguste Anselme NAIGEON, cultivateur, et de Marie Eugénie LAMBLOT. Après son service militaire (1929-1930), il travaille comme charpentier-menuisier à l’entreprise ROY frères, d’Auxonne, jusqu’à la mobilisation générale en août 1939. C’est au cours des violents combats qui se sont déroulés du 18 au 22 juin 1940 (que l’on a appelés « Les cinq Jours de TOUL ») qu’Henri NAIGEON a été tué le 19 juin 1940. Inhumé sur place, puis au carré militaire de TOUL, son corps sera rapatrié dans sa commune natale et inhumé dans la tombe familiale fin 1948.
GAUTHIER Jean
est né à PARIS (10e arrondissement) le 19 mars 1926 (impossible de savoir qui sont ses parents). Il est arrivé à l’orphelinat de Domois le 22 novembre 1937 et en est sorti le 19 mars 1944, le jour de son 18e anniversaire. Il travaillait à la ferme avec Monsieur Cornemillot. Soldat au 5e bataillon de marche, il est décédé le 6 janvier 1945 au Groupe Chirurgical avancé du 431e bataillon médical à SAINTE MARIE AUX MINES (Haut Rhin) : il n’avait même pas 19 ans ! Domicilié à DOMOIS, il était célibataire.