Implanté sur la limite des communes de Longvic et Fénay, le fort de Beauregard a été édifié sur des terrains acquis par l’état par décret du 23 août 1877. Construit entre 1877 et 1881, son emprise occupe une surface de 5,55 hectares dont les 2/5 de cette surface sont sur le territoire de Longvic et les 3/5 sur la commune de Fénay. Les surfaces bâties représentent une superficie totale de 3913 m².
Après la défaite de 1870, à la suite de laquelle nous perdons l’Alsace et la Lorraine, la crainte d’un nouveau conflit avec l’Allemagne grandit et pousse la France à se doter d’une frontière fortifiée, composée d’ouvrages destinés à canaliser l’envahisseur. Un polytechnicien, le général Raymond Adolphe Séré de Rivières, secrétaire du comité de défense chargé de réorganiser les défenses de la France, proposera, à plusieurs reprises, son système fortifié qui conduira à la construction entre 1874 et 1885 de 400 ouvrages sur tout le territoire. En 1874 une première tranche de travaux est effectuée. Elle concerne la construction d’ouvrages nouveaux autour des places de Verdun, Toul, Épinal, Belfort, Besançon, Langres et Dijon.
Le général Séré de Rivières partage la frontière nord et nord-est en quatre groupes :
- Le groupe du Jura avec la place de Besançon comme base.
- Le groupe des Vosges s’appuyant sur Épinal et Belfort.
- Le groupe de la Meuse moyenne constitué par une ceinture d’ouvrages reliant Verdun Toul.
- Le groupe Nord s’étendant de Montmédy à Dunkerque.
En outre, une défense en profondeur s’avère utile. En arrière des camps retranchés constitués de places fortes, sont disposés aux débouchés des trouées pour arrêter une percée réussie de l’ennemi. Ce rôle devait être joué par Langres, Besançon, Lyon et Dijon. A Dijon, une ceinture de forts détachés, qui contrôlent les hauteurs couronnant la ville est édifiée de 1875 à 1883. Citons entre autres les positions de la Motte Giron – du Mont Afrique – d’Hauteville – d’Asniéres – de Norges – de Varois – de Saint Apollinaire – de Sennecey.
La position du Mont Afrique a la particularité d’avoir un centre de résistance qui, autour d’un noyau central (le réduit), commande plusieurs batteries dispersées. C’est un concept précurseur de la ligne Maginot. Le fort de Beauregard, rebaptisé fort Fauconnet, est un fort de plaine du type Séré de Rivières modèle 1874. Il est de forme rectangulaire à angle rentrant à la gorge, laquelle est protégée par un ravelin de petite dimension.
La courtine n’a pas de protection d’artillerie, son escarpe est semi détachée et aménagée en mur Carnot avec des créneaux de fusillade pour l’infanterie. En cas d’attaque, celle-ci ne pouvait qu’arrêter les infiltrations ennemies dans les fossés et n’aurait pas résisté au tir de l’artillerie adverse. Le saillant 2 possède une caponnière simple pour protéger le fossé est, le saillant 3 est occupé par une importante et très belle caponnière double pour défendre les fossés sud et ouest.
Il est entouré d’un profond fossé d’environ six mètres, dont le franchissement se fait par un pont-levis. Ce pont-levis est unique dans la région dijonnaise. Il n’en existe, parait-il, que sept autres connus en France. Son inventeur, le général et mathématicien Jean Victor Poncelet, imagine en 1820 un système de levage du tablier des ponts-levis mettant en œuvre des contrepoids dont la masse varie en fonction de la position de ce tablier. Les contrepoids sont constitués par un ensemble de masselottes articulées entre elles et formant une chaîne dont une extrémité est fixée au mur et l’autre attachée à la chaîne du tablier. Cette innovation se substitue au pont-levis à flèches utilisé depuis le Moyen Age et dont la manœuvre est visible de l’ennemi en lui offrant une cible pour ses projectiles.
Ce fort possède deux poudrières de 30 à 40 tonnes de stockage de poudre noire. Des cuves pour canons de 75 antiaériens ont été aménagées plus tard. Le sommet supporte une tour de guet métallique modèle 1947 dont l’ascension autorise de belles vues sur le fort et la campagne environnante.
Les progrès de l’artillerie après 1870 et la découverte de la mélinite (explosif constitué par de l’acide picrique fondu) permettant de réaliser des obus perforants et explosifs, rendent obsolète le fort de Beauregard. Apres avoir servi d’entrepôt à la BA 102, il fut désaffecté en 1984, et envahi alors par la végétation qui masqua son existence. Mis en vente par l’armée en 1997, il fut d’abord acheté par le Sivom de Saulon la Chapelle en 1998. La commune de Fénay le racheta le 28 juillet 2003, devenant ainsi l’unique propriétaire des lieux.
Depuis cette date, de nombreux travaux de défrichage, de nettoyage, de déblaiement ont permis de mettre en valeur ce patrimoine militaire ouvert au public pendant les journées du Patrimoine.
Source : Pierre PETEL, ancien conseiller municipal